Mercredi, 15 Mars 2023, Med-TSO a tenu la conférence « Intégration des Systèmes Electriques Méditerranéens : un levier clé de la Transition Energétique », qui a marqué la conclusion de son projet TEASIMED – c’est-à-dire « Vers un système électrique Méditerranéen, efficace, adéquat, durable et interconnecté ».
L’évènement a été l’opportunité pour présenter brièvement les résultats du projet et discuter sur comment accélérer l’intégration des Systèmes Electriques Méditerranéens, aussi bien en termes d’infrastructures, que de développements politiques.
Angelo Ferrante, Secrétaire Général de Med-TSO, et Luca Ruffino, Responsable de Programme de Med-TSO, ont présenté les points saillants du projet et ses principaux résultats, tels que la mise à jour du Schéma Directeur Méditerranéen des Interconnections, les évaluations d’adéquation, les projets pilotes dans le sud-est et ouest de la Méditerranée et le code réseau Méditerranéen. TEASIMED a été réalisé au cours de 31 mois, en commençant le 1er Septembre 2020. Il a réuni avec succès des experts de tous les coins de la Méditerranée grâce à la coopération multilatérale et une approche ascendante complète.
Francesco La Camera, Directeur Général de IRENA, et Cristina Lobillo Borrero, EC DG ENER Deputy DG – Energy Platform TF, ont enrichi la conférence en exposant des discours d’ouverture.
La Camera a affirmé que les énergies renouvelables domineraient largement le nouveau système énergétique avec des avantages sans précédent, mais qu’elles ont encore besoin de plus d’investissements pour aller vers des technologies moins matures et des technologies telles que le stockage, en permettant l’intégration du système d’alimentation. Il a défini l’approche inclusive de Med-TSO comme un excellent exemple de promotion du dialogue et de facilitation d’une transition collaborative, qui considère tous les points de vue des parties prenantes. Il s’est également dit convaincu qu’une solution tangible et efficace peut être trouvée grâce à des actions collectives.
Lobillo Borrero a déclaré qu’une intégration régionale plus forte d’un système électrique Méditerranéen efficace et stable est nécessaire pour produire de l’énergie propre. Une meilleure interconnexion des deux rives de la Méditerranée sera essentielle. En même temps, l’UE a besoin de renforcer la sécurité énergétique des pays partenaires et de soutenir leur transition énergétique propre, juste et inclusive. Elle a chaleureusement remercié Med-TSO et elle l’a félicitée pour son importante contribution à l’énergie, au dialogue et à la coopération dans la région de la Méditerranée.
La conférence a été conclue par Cyril Dewaleyne, Chef d’Equipe sur la Connectivité, l’Environnement et l’Action Climatique de DG NEAR B2, et Gestionnaire de Programme des trois derniers projets de Med-TSO. Il a souligné l’importance que le travail de Med-TSO a pour les stratégies de l’UE. Il a rappelé que le Schéma Directeur Méditerranéen des Interconnexions, dont la mise à jour est l’un des principaux résultats du projet TEASIMED, est mentionné dans la Communication Conjointe publiée en 2021 par la Commission et le Service pour l’Action Extérieure [1] parce qu’il a déjà dessiné ce que pourrait être l’avenir en termes d’interconnexions. Il s’est également concentré sur le projet d’interconnexion Italie-Tunisie, que l’UE considère comme un changeur de jeu pour la construction d’autres nouvelles interconnexions et pour renforcer l’intégration des Systèmes Electriques Méditerranéens. Il a conclu en confirmant que l’UE est heureuse de poursuivre le financement du projet TEASIMED 2 pour les trois prochaines années.
Premier débat : « Tirer parti des interconnexions pour une transition énergétique durable dans la Méditerranée. »
Le premier débat de la conférence avait pour but de discuter le rôle des interconnexions dans la conduite d’une transition énergétique durable dans la Méditerranée et les défis et les opportunités liés à l’intégration des Systèmes Electriques. Il a été ouvert et animé par Sonya Twohig, Secrétaire Général de ENTSO-E, qui a souligné le fait que les projets Méditerranéens doivent être durables et abordables en tous points. Elle a aussi mentionné le fait de personnes travaillant ensemble pour favoriser la coopération régionale est fondamental pour la transition énergétique, aussi bien dans la Méditerranée, qu’en Europe. En outre, elle a rappelé la coopération de longue date entre ENTSO-E et Med-TSO, principalement axée sur l’échange de données des scénarios à long terme du réseau, également favorisée par la présence de membres appartenant aux deux associations.
Roland Roesch, Directeur par intérim du Centre d’Innovation & Technologie de IRENA, a présenté les nombreux avantages de l’interconnexion électrique transfrontalière et a mis en évidence comment les technologies numériques avancées et la réglementation peuvent aider à tirer parti des connexions. IoTs active les réseaux intelligents, en recueillant, en transmettant et en utilisant de grandes quantités de données, en intégrant intelligemment les utilisateurs connectés au réseau, en optimisant le fonctionnement du réseau et en augmentant la flexibilité du système. Les codes de réseau régionaux harmonisés et les technologies numériques, comme l’intelligence artificielle, peuvent également soutenir le processus de prise de décision dans l’exploitation et la maintenance des systèmes et la mise en œuvre de nouvelles conceptions de marché.
Rena Kuwahata, Analyste Energétique Transformation du Système Electrique de IEA, s’est concentrée sur l’interconnexion régionale. Elle l’a définie comme un instrument valable pour accélérer une transition sûre et efficace vers une énergie propre. Ses avantages sont un accès plus complet à une production moins chère, à un lissage de la variabilité et à un partage des réserves d’équilibrage.
Guido Guida, Vice-Président de Med-TSO et Responsable des Affaires Publiques Internationales de TERNA, a souligné comment l’interconnecteur ELMED entre l’Italie et la Tunisie, financé par l’UE dans le cadre du Connecting Europe Facility(CEF) 2022, est un vrai changeur de jeu pour la mise en place d’un Système Electrique Méditerranéen intégré. Il représente un exemple réussi de la façon de stimuler l’intégration de la région Méditerranéenne.
Roberta Boniotti, Secrétaire Générale de MEDENER, a rappelé que le premier principe d’efficacité énergétique de l’UE s’est récemment concrétisé juridiquement, avec une exigence claire pour les pays de l’UE de prendre en compte l’efficacité énergétique dans les politiques, la planification et les décisions d’investissement majeures dans le secteur de l’énergie et au-delà. Elle a souligné à quel point l’application de ce principe dans les politiques sectorielles et les décisions d’investissement se trouve au cœur de l’intégration du système énergétique.
Khaled Nouasri, Secrétaire Général de COMELEC, a donné un aperçu sur les activités de Comelec et a affirmé que l’harmonisation du cadre réglementaire et législatif pour faciliter les échanges entre les différents pays et la garantie de l’accès à une énergie abordable sont les priorités pour permettre l’émergence du marché régional.
Deuxième débat : « Alimenter la Méditerranée : un partenariat entre Institutions, Parties Prenantes et Associations ».
Le deuxième débat a porté les experts venant de la Méditerranée et les régions voisines à discuter des initiatives politiques, financières et institutionnelles nécessaires à mettre en place pour parvenir à une intégration effective des systèmes électriques Méditerranéens. Antonella Battaglini, Directeur Général de l’Initiative pour le Réseau d’Energies Renouvelables, a ouvert et animé la discussion. Elle a insisté sur le fait que la transition énergétique n’est pas tout simplement une transformation économique et énergétique, mais une transformation sociétale, car l’énergie, la nature et les personnes appartiennent toutes ensemble. Elle a aussi souligné le fait que l’Europe et l’Afrique ont besoin de forces qualifiées pour planifier et déployer le futur système énergétique. A’ cet égard, la collaboration énergétique entre ces régions doit avoir une composante sociétale solide basée sur la formation et le renforcement des capacités pour développer les compétences.
Abdellatif Bardach, Président de MEDREG, a insisté sur le besoin de moderniser le système énergétique et de construire des partenariats solides pour diriger les défis énergétiques des régions. A’ cet égard, investir continuellement dans la transmission, l’interconnexion et la distribution de différentes sources d’énergie est crucial pour garantir des marchés régionaux transparents, non discriminatoires et harmonieux. Ces aspects contribueront largement à créer des marchés régionaux intégrés qui exploitent l’abondance des ressources naturelles de la zone et à attirer des investissements et des financements.
Mohamed Elhusseiny, Expert Energie/Energie & Action Climatique de UfM, a souligné à quel point la vitesse de transition est essentielle pour alimenter la Méditerranée. Combler le fossé existant d’un pays à l’autre ne peut être réalisé qu’en rassemblant continuellement les gens et en offrant de différentes opportunités de collaboration pour générer des discussions et des solutions gagnant-gagnant pour accélérer la transition et atteindre la durabilité. Il a aussi cueilli l’occasion pour promouvoir le prochain rendez-vous annuel de UfM sur les Plateformes Energétiques prévu pour le mois de Mai, au cours duquel les problèmes liés à l’interconnexion, à la finance, et à l’augmentation de la participation du secteur public et privé, seront discutés.
Kristina Kanapinskaite, Chef de la division du Secteur Public du Sud de EIB, a introduit le point de vue des Institutions Financières Internationales dans la discussion. La Banque Européenne d’Investissement est un bailleur de fonds majeur de projets énergétiques d’infrastructures durables en Europe et hors de ses frontières, en prêtant en moyenne €3.5 milliards par an pour les réseaux et interconnexions. L’engagement et l’harmonisation des parties prenantes font partie des principaux défis observés dans leurs investissements énergétiques.
Elle a évoqué l’importance de créer un marché Méditerranéen de l’énergie qui soit plus intégré pour faire face à une demande énergétique en forte croissance et au besoin de sécurité énergétique sur les deux rives. Tout en favorisant les sources d’énergie à faible émission de carbone et les sources d’énergie renouvelables et en débloquant l’efficacité énergétique lorsque cela est possible.
Nina Grall, Communauté de l’Energie, Responsable de la Section du Conseil de Règlementation de la Communauté de l’Energie (ECRB), a conclu le débat en rappelant que le point de départ crucial de l’interconnexion devrait toujours être la recherche de ce qui est nécessaire pour faire fonctionner le système de façon sûre et stable et ensuite appliquer des normes opérationnelles communes. La nécessité de se concentrer d’abord sur la dimension opérationnelle vient du fait que lorsqu’il y a un intérêt du marché, une volonté et un engagement politique, des projets communs peuvent être réalisés, tout en n’ayant pas la même base juridique ou le même statut de développement du marché entre les pays.
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[1] Joint communication to the European Parliament, the Council, the European economic and social committee and the Committee of the Regions – Renewed partnership with the southern neighbourhood – A new agenda for the Mediterranean, page 46.